mercredi 28 février 2018


Le cygne patineur


-Repos-

C'est une simple matinée d'hiver
où le soleil se pose
sur les choses ordinaires
et les transforme en carrés de lumière.

Les objets disparaissent presque
comme emportés
par une inondation de blancheur.

Les bras d'un fauteuil se sont ouverts.

Je m'y repose, y respire.
La trêve est douce,
aussi douce que la lumière
qui caresse les livres.

Inutile d'en ouvrir les pages.
A cette heure, elle seraient
aussi blanches que la neige
qui s'annonce.

J'ai besoin de repos





mardi 27 février 2018


-Tu m'encourages-

Tu m'encourages fleurette,
toi qui n'a pas encore
fini de t'ouvrir.

Je n'ai pas fini.
Un pétale, un autre.
Au bois dormant,
je crie et je m'étire.

Vivre et non mourir,
mourir à ce qui tue la vie,
je n'ai pas fini.

Le matin je regarde
si en une nuit
mes ailes ont grandi,
comment le vent les déplie.

Tu m'encourages fleurette.
Au coeur de ton coeur,
il y a encore un coeur
qui bat pour d'autres fleurs





Compter sur toi


lundi 26 février 2018

-Une pomme rouge-

Une pomme rouge est là sur un mur.
Est-ce un enfant qui l'a oubliée ?
Une pomme est là à l'abandon.

Je ne peux m'empêcher de penser
au conte des deux oiseaux
à côté d'une vigne.

L'un dit : "comme ce grain de raisin
était délicieux"
et l'autre lui répond :
"Comme il était beau à regarder !"

La pomme, elle, couverte
de rosée glacée
ne sait rien de ma pensée.
Elle gèle doucement, se ratatine.

Je laisse la pomme à son destin.
Je laisse les êtres
être et vivre.

Je laisse l'oiseau à son chant
et la jonquille apparaître au soleil,
l'enfant rire et pleurer
quand il le désire.

Je laisse les autres grandir
à la douceur de leur cœur
et mon cœur s'ouvrir,
toute peur disparue.

Je laisse ma vie guérir
près de la tienne,
chacune ayant son propre chant.




Poésie et vérité


dimanche 25 février 2018

-soeur Lune-

Ma louange va à soeur Lune
qui m'envoie un clin d'oeil
dans le jour qui finit
et qui me chuchote :
"l'invisible
est bien plus réel
que ce ciel glacé
où se perd
ton regard"




samedi 24 février 2018

Chant secret
des cherche-midi
qui fêtent le rayon de soleil

Chant secret
des tétards sous le ciel
de la glace

Chant secret
de la rugueuse écorce
qui frotte mon regard,

vous m'aidez à chanter
sans savoir
forcément pourquoi









vendredi 23 février 2018

-Doucement-


Doucement,
si doucement,
apaisé,

entre les hortensias séchés,

un visage apparait

ce n'est pas le mien,
pas encore

doucement
si doucement,
j’accueille et je comprends
sans les mots
mes amis trop bruyants.



jeudi 22 février 2018


-Mon voyage-

Un baluchon percé
et quelques graines
à l'intérieur,

Voilà qu'elles tombent toutes seules
en terre et en ciel

je les sème,
je les sème,

des mots
encore des mots

seulement
pour qu'on s'aime.

Germeront-elles ?

Oui !






mercredi 21 février 2018



Un instant,
émerveillé,

au matin
l'oubli de soi

splendeur,
signe,

Rappel,
où suis-je?
à quoi je pense ?

Est-ce cela
ma vie ?







Agni Parthene


mardi 20 février 2018

-Une chaise-
 
Une simple chaise
dans la lumière grise
de l'hiver, patiente.


Elle est là dans toute
sa noblesse de chaise
qui a tout supporté,
les dos droits et tordus,
les pieds nus et boueux.


Immobile, figée
dans la chambre sans nom,
elle défie les années.


Elle ne demeure là
bien stable sur ses pieds
que pour accueillir, nue,
la fatigue du soir
de celui qui écrit.


Elle finira un jour
bancale sur le trottoir.
Personne ne verra
ce qu'elle a enduré.
Personne ne dira :
"C'était une chaise
vraiment courageuse"


Couverte de neige
elle servira d'appui
au vieillard qui monte
la rue, le dos courbé
sous le poids des paquets.


Et on l'emportera
pour être réparée
sans connaître sa vie.
 
(décembre 2015)




 

lundi 19 février 2018




Quelques fleurs d'ombres,
aiguilles de résineux
dans le ciel gris
sont là pour rien.

Elles me parlent,
me tirent hors de la ville
et je respire leur parfum.

C'est l'appel de la forêt
et du chemin


dimanche 18 février 2018



-Sur un mur-

Les murs rêvent aussi.
Les volets fermés
n'empêcheront pas
deux mouettes
de s'envoler.

Prenez pitié des rêveurs,
de ceux qui passent des heures
à rêver qu'ils volent
malgré leurs ailes coupées.

Je rêve, j'ai rêvé, je rêverai.
C'est la seule conjugaison
vécue par le coeur.

Si un jour, il n'y avait plus de rêve,
on verrait tous les oiseaux
se traîner à terre,
et les enfants ramasser
des morceaux de ciel brisé.

Prenez pitié,
ne me dérangez pas
si je suis ailleurs.
Je ne fuis pas forcément la réalité.

Je cherche un espace
de l'air pur, des vents amis
qui me soutiendraient.

Deux mouettes sur un mur
ne toucheront plus jamais terre.

Je ne redescendrai plus.
C'est trop tard.
Ou ce n'est pas trop tôt.
Cela dépend du point de vue.

Je vole, je vole et je vous aime



samedi 17 février 2018



-Attendre-

Attendre est un feu.
Je ne veux pas
ne plus rien attendre.

La pierre sur le chemin 
malgré les coups de pied
qu'elle reçoit
n'attend plus rien.

L'arbre attend le printemps
l'eau gelée attend
de couler à nouveau

Je veux être l'arbre.
Je veux être l'eau

je n'attends pas en vain.
l'attente est une flamme.
Elle ne veut pas s'éteindre.

Elle veille avec ceux
qui attendent la délivrance.






vendredi 16 février 2018

-Un rideau poussiéreux-

Un rideau poussiéreux
sans âge et sans couleur
tend sa toile grise
près de la fenêtre.

Sans s'en rendre compte
il a emprisonné
un morceau de ciel bleu
strié de branchages.

Est-ce un visage ?
Est-ce une bouche qui 
esquisse un sourire ?

Des yeux apparaissent
et puis disparaissent.
Rien n'est jamais fermé.

Sur le rideau triste
un reflet s'est accroché.
L'espace s'est ouvert.

Et quand la nuit viendra
sur la vitre sale
la lune se lèvera
et sourira aussi.



jeudi 15 février 2018


-Un bout de son ciel-

Il t'offre un bout
de son ciel !
Viens donc y oublier
le temps de quelques lignes
les morsures de la nuit !

Il t'offre quelques perles,
ne les jette pas trop vite
pour croire à nouveau
que le monde a plus besoin
de pain que de parole !

Ignore plutôt celui
qui écrit ces mots !

Repose-toi à l'ombre
des poèmes,
aime garder leur lumière
pour que ta vie
soit un sourire
qui ne s'éteint jamais !





"L'eau dans l'étang
est occupée
à garder le temps "

Guillevic






mercredi 14 février 2018


-Je respire-


Je respire l'encens du soir
je respire au plus large,
écarte le rideau
des pensées vaines

Je respire comme 
on enlève un manteau
trop obscur,
une carapace de glace
où se fige l'étoile filante
de la vie

Je respire, je respire
brise la coquille
des circonvolutions
où tout revient au même

je respire la seule chaîne
qui délivre 
et où les mains s'ouvrent
et se donnent.




mardi 13 février 2018





Lance ou flèche,
la pointe s'est 
ornée de lumière.
Elle pénètre
le regard sans blesser,
y dépose quelques
gouttes de jour.




Le repas de la merlette




lundi 12 février 2018


-La fenêtre a une âme-

La fenêtre a une âme.
Les persiennes usées
par le vent et la pluie
racontent une histoire
Un pigeon écoute.

Combien de fois
le rideau s'est-il écarté,
et pour quelle attente ?
Un pigeon écoute.
"Parle plus fort, fenêtre !
Raconte ton secret !"

Une plante verte
derrière la vitre
est le seul feu,
la seule lumière.
Quelqu'un se repose
dans la pénombre
sur un lit usé de soupirs.

La fenêtre a une âme.
Même fermée,
elle ouvre un passage.
Les persiennes sont les pages
des années passées.

Dans la chambre,
un coeur bat,
un coeur crie des mots
que le pigeon emportera.

La fenêtre a une âme
les persiennes ne peuvent plus
se refermer.
Qu'y aurait-il à cacher ?
Qu'y aurait-il à protéger ?

A l'intérieur,
seulement à l'intérieur,
vit quelqu'un
qui n'a plus peur.




dimanche 11 février 2018


-Rien-

Rien,
ni froidure,
ni frimas,

Rien,
ni verglas,
ni neige,

Rien,
Ni sécateur égaré
Ni jardinier distrait,

Rien,
Ni vent tempétueux,
Ni sécheresse impitoyable,

Rien n'empêchera
la rose de s'ouvrir !






samedi 10 février 2018

                    Quelques notes du désert   (janvier 2012)                                                                      
           
La parole est simple
comme un chêne noir
sur un coteau de neige !
Des branches pures
parlent pour lui
de son goût de vivre
qu'il ne connait pas !
 
              *
 

Neige de brouillard
qui tombe fine
sans souffle de vent,
si doucement
qu'elle ralentit le temps,
n'empêche pas
l'envol noir des corbeaux
devenus muets soudainement !

             *
Cet oiseau
sur un fil
de l'abîme,
s'il te regarde
aussitôt il oublie
le vide.
Tant de vies
que le vide fascine
faute d'être fascinés
par un visage  !
 
          *

livres en nausée,
pages tournées,
encre noire
qui obscurcit
un peu plus
le soleil intérieur,
livres adorés,
pages qui apaisent,
mots qui redonnent lumière
au coeur des nuits d'encre
où l'âme se meurt.

             *
Il a crié : "où es-tu ?
et elle  s'est tu,
lui aussi !
            
   *
Ne lis pas ces lignes
tu  ne trouveras jamais
où elles se terminent !

   *
Parfois il pique,
mais jamais longtemps !
Après il offre une rose
au sortir de la nuit !

  *
N'ouvre pas cette porte,
elle donne sur une aube
qui ne se lève jamais !

*

Plaine sans frontières
sans bosquets et chemins,
rien que le vent,
et la lumière qui meurt !
 
   *
 

Au pas du jour,
un silence transi
envahit tout !
 
  *

Etoiles bleues
du myosotis,
quelle parole
pour la finesse de tes pétales ?
Perdre du temps
avec une fleur,
en tomber amoureux,
voilà une part
du mystère.

  *

Le couple de
rouge-queues
est de retour,
fragile amitié
qui a survécu
à l'hiver !
    
     *

Poursuite de mésanges
entre les branches,
nuages qui continuent
leur voyage vers l'Est,
éléments du monde
qui n'ont pas besoin
des tourments de l'homme !
 
 *

Grande ouverte
une bouche
de lumière
qui déchire
le ciel gris
l'avertit
de ne plus avoir
de pensées tristes !
 
   *

Impossible ?
Sans doute !
Les feuilles mortes
ne remontent
pas à l'arbre !
Mais l'arbre
ne décide pas
la sève à revenir
nourrir ses branches
au printemps !
      
     *
A la fenêtre
d'un mourant
les oiseaux
ne se taisent pas,
mais ils noyent
de leur chant
l'angoisse
de celui
qui s'absente !

  *

Voix métalliques
à la radio
qui compte les morts,
et dans la terre blanchie
par le grésil,
surgissent timides
les quenottes vertes
des tulipes !


   *

Oiseau
qui s'échappe
de sa main,
ne reviens pas !
emporte loin
la caresse
qu' il désirait
te donner !
 

 * 
Le temps
d'ouvrir les yeux,
de comprendre un peu,
et déjà le dos se courbe,
au loin sur le chemin
accourent déjà
les visages sans rides
des suivants !
  *

Voici une main !
Qu'elle s'ouvre
puisqu'elle ne demande rien !
Rien que le vent,
une ronde, un chant
sur des lèvres
qui s'étaient éteintes !
 
   *

Lumière revenue,
nudité du jour,
qu'apprendre encore
de la nuit !