mercredi 29 mars 2017



Une jeune feuille qui se déploie



Plume au soleil levant



U poème de Henri Michaux, bouleversant

AGIR, JE VIENS

Poussant la porte en toi, je suis entré
Agir, je viens
Je suis là
Je te soutiens
Tu n'es plus à l'abandon
Tu n'es plus en difficulté
Ficelles déliées, tes difficultés tombent
Le cauchemar d'où tu revins hagarde n'est plus
Je t'épaule
Tu poses avec moi
Le pied sur le premier degré de l'escalier sans fin
Qui te porte
Qui te monte
Qui t'accomplit

Je t'apaise
Je fais des nappes de paix en toi
Je fais du bien à l'enfant de ton rêve
Afflux
Afflux en palmes sur le cercle des images de l'apeurée
Afflux sur les neiges de sa pâleur
Afflux sur son âtre... et le feu s'y ranime

AGIR, JE VIENS
Tes pensées d'élan sont soutenues
Tes pensées d'échec sont affaiblies
J'ai ma force dans ton corps, insinuée
...et ton visage, perdant ses rides, est rafraîchi
La maladie ne trouve plus son trajet en toi
La fièvre t'abandonne

La paix des voûtes
La paix des prairies refleurissantes
La paix rentre en toi

Au nom du nombre le plus élevé, je t'aide
Comme une fumerolle
S'envole tout le pesant de dessus tes épaules accablées
Les têtes méchantes d'autour de toi
Observatrices vipérines des misères des faibles
Ne te voient plus
Ne sont plus
 
Équipage de renfort
En mystère et en ligne profonde
Comme un sillage sous-marin
Comme un chant grave
Je viens
Ce chant te prend
Ce chant te soulève
Ce chant est animé de beaucoup de ruisseaux
Ce chant est nourri par un Niagara calmé
Ce chant est tout entier pour toi
Plus de tenailles
Plus d'ombres noires
Plus de craintes
Il n'y en a plus trace
Il n'y a plus à en avoir
Où était peine, est ouate
Où était éparpillement, est soudure
Où était infection, est sang nouveau
Où étaient les verrous est l'océan ouvert
L'océan porteur et la plénitude de toi
Intacte, comme un œuf d'ivoire.
J'ai lavé le visage de ton avenir.

Henri Michaux

tableau d'un peintre sud-coréen

lundi 27 mars 2017


Noir et blanc




Un rayon de soleil



Feuille de Kiwi



Aubriètes





-Blanc-


Le temps s'arrête.
l'arbre est blanc.
Il  neige des fleurs 
ou un nuage 
s'emmêle
aux branches.

Et pourtant
l'arbre ne sait pas
si ce blanc est un signe.
Il ne voit rien.

C'est la gloire de l'arbre.
Son blanc est plus blanc
qu'il n'y paraît.

Il ne voit pas
qu'il est un appel,
un arbre oreiller
qui attend un dormeur
prêt à disparaître.

les mésanges restent
à distance effrayées
par cette blancheur.

C'est l'arbre le plus
chétif du verger,

Il appelle le regard.
"Regarde mon silence blanc,
la paix ne m'a jamais quitté!"






Il y a des blessures qui arrivent si tôt
qu'aucun combat ne peut être mené.
Elles demandent un retour si profond en soi
que seul Dieu peut être trouvé.

Mayah Baty - L'Une




jeudi 23 mars 2017

Coccinelle, demoiselle


Coccinelle, demoiselle
Bête à Bon Dieu
Coccinelle, demoiselle
Vole jusqu’aux cieux
Petit point rouge 
Elle bouge
Petit point blanc
Elle attend 
Petit point noir
Coccinelle, au revoir.



Parc de Montbois (16h30)



dimanche 19 mars 2017

Dans un fauteuil

Ce ciel gris, cet arbre noir,
les yeux ouverts,
je reste devant eux.
Il n'y a pas de tristesse.
Un frisson vert parcourt les branches.

Des lignes blanches 
parlent de lumière.
Le paysage changera.
Les mains ouvertes
j'accepte d'être là.

Tout devient une rivière.
L'eau emporte les apparences.
La maison n'est plus obscure.
Pourquoi choisir de souffrir ?

Un merle rieur se pose
sur le cerisier où pointe
un peu de blancheur.
Il joue avec le chat noir
qui ne l'attrapera pas.

Je rêve de l'enfance
mais ne rêve plus
d'être encore jeune.
Je suis là avec le soir
dans un fauteuil.

Ma fatigue est un châle.
J'offre des caresses
de mots pour rien,
un baiser de vocabulaire.

Je ne triche pas avec
ce que je suis.
Cette colline sombre
qui quitte l'hiver
par la fenêtre
ne me fait plus peur.





dimanche 12 mars 2017


Dans la flaque





Crocus Suzanne







Espérance



-Au seul refuge-

Au seul refuge,
au seul lieu où respirer
est une naissance,
au seul battement
d'un cœur qui bat
avec le mien,
je veux être.

Au seul regard
qui est une promesse,
aux seules mains
qui ne pèsent rien
et traversent les ténèbres,
je veux être.

Au seul sourire
qui est un horizon,
au seul ami qui tient
sa porte toujours ouverte,
je veux être.

A la seule joie
qui a des ailes
pour traverser les mers,
au seul ciel qui accourt
quand la nuit crie trop fort,
je veux être.

A la seule Présence
qui a la clef d'une prison
où l'on s'est enfermé,
à la seule caresse
qui donne et ne prend rien,
je veux être.

Au seul désir
qui est vraiment le mien,
Au seul chant de la rivière
qui apporte au matin
son or et ses diamants,
je veux être.

Au seul silence
qui éloigne de la mort,
à la seule paix
que rien ne peut arracher,
je veux être.


lundi 6 mars 2017

samedi 4 mars 2017


-Rien ne manque-

Que manque-t-il
à cet arbuste  en fleurs ?
L'hiver ne peut rien
contre ces couleurs
qui viennent avant l'heure.

Je veux bien être entier.
C'est ma bonne volonté.
Je vois la pluie froide.
Tel un arbre, je ne bouge pas.

La clarté de ton rire
est la même que celle
du torrent de montagne.
Tu embrasses maintenant la vie.

Rien ne manque. Rien de plus.
Rien à ajouter.
J'accompagne des courants
qui passent sous les portes
traversent les murs.

C'est ainsi que le silence parle,
qu'il raconte son histoire.
Sur le seuil où je me tiens,
tout est libre et respecté.

Les chaînes ne tombent 
jamais à moitié.
On ne peut plus les remettre.
Les anneaux deviennent des papillons
ou du sable qui coule entre les doigts.
Oh !, vis, vis, vis.
Rien ne manque.
C'est en terre et en ciel.
Cela vient tout seul.

Je respire cette douceur.
Elle dessine des ailes soudaines
sur le chemin, comme
le vieux corbeau qui n'a plus peur
du regard des hommes.

Je protège la naissance
et ne finis pas de naître
près de l'arbuste en fleurs,
me couvre de couleurs.

Rien ne manque.
Tout est dans l'étincelle.