dimanche 31 décembre 2017


Malgré l'hiver,
épanouie,
l'herbe à curry
cherche le soleil
dans toutes les directions.

On dirait une foule
qui danse, accueille,
reçoit la vie.

Une simple herbe,
dans sa présence
simple et tranquille
m'apprend,
me montre,
me guide.

Paix en moi-même.



samedi 30 décembre 2017


-Le fil-

Matin gris et matin d'attente,
êtes-vous berceau, bras étranges
du silence où je repose.

Silence qui perce et qui déchire,
silence où les mots se mélangent,
j'attends que s'ouvre je ne sais quoi.

Toi la corneille qui va à contre-vent,
me retrouveras-tu ?
Je suis si loin quand
le vent contraire s'acharne.

Un vent sombre et un vent gris
veulent réduire au silence
la parole qui porte encore
les traces du soleil..

Matin d'attente et matin gris
à être à la fenêtre
comme un aveugle,
ne revenez pas si souvent.

Si elle s'éteint la braise
ne brûlera plus ma main.
le poème deviendra formulaire.

Je tiens pourtant un fil.
Il perce le jour 
qui étouffe sous la pluie.
A l'autre bout, des amis
vivent. Cela suffit.













-Neige-

La seule lumière
est le lampadaire
que fouette le vent.

Tout recommencera-t-il
s'il neige assez fort
pour qu'au sommet
de la colline apparaisse
la terre vierge d'un désir
vraiment vivant ?

Les dos se courbent,
les gens se pressent
sous les flocons blancs.

Je m'enroule
dans ce linceul éphémère
pour protéger les graines 
de ma terre intérieure
enceinte de printemps.


vendredi 29 décembre 2017

-Ecrivant-


C'est comme si
sur la terre ferme,
loin de la mer, 
on entendait les vagues
qui chantent sur le rivage.

Et ce chant qui se répète
impose le silence
aux arbres nus,
aux branches violettes,
au ciel gris déchiré
de puits de lumière,

et à ce que je crois être.

Les vagues continuent de chanter.
Je marche , écrivant,
en pays inconnu
sur une plage immense
et j'y suis bien.




jeudi 28 décembre 2017

-Cette douceur-

Sur chaque chose,
sur chaque être
et chaque moment,

cette douceur du matin et du soir,
cette douceur retire la cendre
des défaites du regard.

Cette douceur si proche
de celle de la mère
avec son enfant quand
elle connait la juste présence,

cette douceur qu prend tout l'être,
sans oublier les blessures béantes
qui ont soif,

cette douceur qui appelle
à clouer ce qui doit être cloué
pour que jaillisse
une vraie naissance,

elle vient à pas de nuages,
sans qu'on sache comment,
cette douceur qui transperce
et qui soigne,
comme j'aimerai l'épouser,

cette douceur qu'on ne retient pas


-C'est tout-

Une petite ritournelle,
ce qui sautille,
ce qui est vif,
un air, une danse pour rien,
une main qui prend
conscience qu'elle est
fermée, enfermée,
une main qui se détend,
une envie de respirer
plus profonde, plus vraie,
plus large aussi,
un voile à arracher,
vivre, se sentir vivre
près d'un torrent,
suivre son chant,
l'eau fraîche
qui réveille,
donne l'élan,
un refrain qui revient,
être accordé enfin,
un souhait, une réalité,

c'est tout,

pour ce matin


mercredi 27 décembre 2017

                                                               

Mes mots, une outre
pour tenir au jour,
ne vous enfuyez pas trop loin.

Sous quel arbre,
n'y avait-il plus rien à dire ?

Sous quel sable
le trésor se tenait-il ?

Mais un trésor
cela se partage.
Dans le désert ce n'est rien.

A peine deux doigts
suffisent pour éteindre
la mèche du ciel.

Mes mots-poussières
se déposent comme
des flocons de neige.

Un peu de sel,
et puis plus rien.

Rien, pourtant
j'ouvre les yeux,
ou plutôt
j'ouvre l'humain.

Sous quel ciel
verrais-je plus loin ?

Alors, vois, lis
au delà des lignes.
le désert sera bientôt fini.


Les perles de pluie
sur les branches du bouleau
se sont mises à briller.
Le soleil vient
et rien ne manque 
à l'arbre malgré l'hiver.







Quand le moineau construit son nid dans la forêt, il n'occupe qu'une branche. Quand le cerf étanche sa soif à la rivière, il ne boit pas plus que son estomac ne peut contenir. Nous accumulons les choses parce que nos coeurs sont vides !

Anthony de Mello 





samedi 23 décembre 2017

-Le baiser-

La fenêtre est devenue nuit.
Quelques étoiles brillent,
de simples lampes
dans les cuisines.

Ce sont des maisons lointaines,
vaisseaux aux cales remplies
d'histoires ignorées.
Les larmes et les rires tanguent
dans les barriques du temps.

Je suis seul sur la colline,
à bord d'une maison immobile.
Qui veut connaître mon histoire ?

Un homme naît, un homme meurt.
Je suis entre deux rives
cherchant le Nord.
Une étoile suffirait.

Je ne triche pas,
grand enfant sur la paille,
sans mérite, ni vertu,
sans prestige, ni pouvoir.

Je sais tout juste crier le ciel en moi, 
dans la nuit qui est tombée sur la ville,
mais aussi sur les cœurs oubliés.

L'enfant  qui pleurait
dort maintenant.
J'ai pensé que personne
ne souhaitait  la mort
et que la folie était une plaie
qu'on oublie d'embrasser.

Puis j'ai reçu le baiser
d'une fenêtre obscure.




Sentinelle




vendredi 22 décembre 2017

En attendant le printemps, un texte d'avril 2014

Tu veux décrire cette lumière légère, incroyable merveille de voir, de goûter ce miracle de voir, lumière, légère lumière sur les visages et au plus haut des arbres, jeunes feuilles dont on distingue les nervures toutes irradiées, lumière du soleil ! Et toi, par où donc as-tu eu la possibilité de voir ? 

Tu ouvres les yeux et c'est comme si cette jeune lumière te traversait, lumière sur les pétales blancs du cerisier qui voyagent au gré du vent, lumière sur le noir luisant de l'aile du corbeau. Tu la vois, tu la goûtes cette jeune lumière en forme de losange sur la couverture orange posée négligemment sur le sol de la chambre. Lumière qui se pose là, silencieuse, par où la contemples-tu ? Quelle lumière t'est donc donnée là ? Et même quand tu fermes les yeux, dansent des points d'or dans ton absence de vision, lumière légère sur les lilas mauves en éclosion, sans ton regard que deviendrait-elle ?

Tu vois, tu aimes cette lumière toute vive du printemps. Tu pourrais aussi bien être aveugle, il y aurait encore cette chaleur sur l'écorce, cet éclaircissement quand tu lèves la tête vers le ciel. Pourquoi existe-t-il tout de même des ténèbres ? 
Ne plus rien voir, tomber dans le noir, être aveugle comme un aveugle ne le sera jamais, est-ce possible ? Ne fais-tu que voir lorsque par chance tu ouvres les yeux , Par quelle lumière vois-tu la lumière ? 

Tant de questions qui vont loin, cherchent le tréfonds de ton être !

Tu ne veux plus mentir, même une seconde. Tu veux qu'elle passe cette lumière. Tu veux devenir son amant. Tu comprends le temps d'arrêt de la palombe à la pointe du sapin, quand vient le crépuscule. Elle s'immerge encore dans les derniers rayons du soleil couchant, comme si elle se nourrissait de lumière jusqu'à la dernière limite. Et tu sais, toi, ce dont tu as vraiment besoin. Tu ne veux pas que la fenêtre se referme. Tu ne veux pas de cet appel qui te ment, qui te fait croire que tes yeux sont simplement des yeux et qu'ils se fermeront définitivement. 

Non, tu vois la lumière par une autre lumière qui t'attend !


jeudi 21 décembre 2017

comme un arbre
en équilibre sur le jour
tu t'habilles d'oiseaux

la lumière ne pèse pas

en ce corps
que cherches-tu

contre le mur
une bouche crie



Amina Saïd
Marcher sur la terre
La Différence, 1994




La porte ne s'ouvre pas.
Sonne, sonne !
La porte s'ouvrira.
Sonne, sonne !



mercredi 20 décembre 2017

La porte s'ouvre. Les branches saluent le paysage qui vient se poser là dans son immédiateté de paradis. Pas un homme, pas une bête. Le paysage est nu. Il n'y a rien à ajouter.

Inutile de franchir ce seuil. Je suis au bord d'un monde à vénérer. Le langage ici ne peut être qu'un oiseau qui repart aussitôt.
Pourquoi une prairie d'un vert tendre et quelques arbres lointains doivent-ils prendre toute la place et m'invitent-ils à disparaître discrètement ?
C'est comme s'ils s’immisçaient jusque dans ma respiration Tout est paisible ici. Il n'y a ni poses, ni miroirs. Les effets ne sont pas de mise.
Les dernières sentinelles de la forêt époussettent de leurs branches ce qu'il y a d'inutile. Tout est donné en cet instant même. La porte ne se ferme jamais. Seuls les yeux se détournent.
Je suis ce monde. Il est en moi, comme une perle dans son écrin. je peux l'emmener partout avec moi. Je suis son repos et son invitation à m'y reposer.
Il est une caresse de l'être à la fin de l'hiver, une tendresse pour qu'advienne un visage, seuil vers l'ouvert.
D'ailleurs le chemin s'arrête juste à la frontière du champ. ll n'y a plus de chemin. Inutile d'aller plus loin. C'est le paysage qui vient.
C'est lui qui étreint, c'est lui qui apaise. C'est lui qui donne et guérit le cri, apporte le silence comme on revêt une robe, avec respect et fragilité.
Il n'y a rien à franchir. Il n'y a pas à s'élancer. Ce serait une profanation. Non, simplement être bien dans cette distance qui est aussi un échange, un dialogue secret.
Il y a simplement à se laisser faire par quelques brins d'herbe et une ligne d'arbres, une route blanche où ne passe personne. Un accord vient et s'installe. Il n'y a plus qu'à se taire.

mardi 19 décembre 2017

-Voir-
 
Je veux voir
ce qui est oublié,
boule de mousse,
hérisson vert
sur un vieux mur.
 
Sans un regard,
elle mène sa vie,
mousse discrète
qui s'accroche
à la pierre.
 
Je veux chanter
ce qui n'est rien,
la fleur du caniveau,
le rouge-queue
qui picore et a peur
de l'homme brusque.
 
Je veux chanter
parce que je veux vivre.
Les étoiles se déguisent.
Quelques unes sont cachées
dans un regard d'enfant.
 
Même ce vieux mur
et cette mousse
peuvent brûler
d'une flamme étrange
pour qui veut voir.
 
Il n'y a pas
que des blessures.
Il y aussi la laine chaude
des choses, inanimées
de n'être pas vues.
 
Elle viennent
vers tous ceux
qui ouvrent le regard
comme on enlève
la pierre sur la source
et en silence
elles apaisent leur cri.
 
 

samedi 16 décembre 2017

vendredi 15 décembre 2017

 


Entendons-nous bien : fuir ceci, aller vers cela, éviter ces gens, rechercher manière ou occupation n’est que ton agitation. La cause de tes difficultés n’est pas dans les choses, c’est toi-même dans les choses. C’est pourquoi regarde-toi d’abord et quitte-toi. En vérité, tant que tu ne te libères pas de ton vouloir, tu auras beau fuir, tu retrouveras partout obstacles et inquiétudes.
Chercher quoi que ce soit dans les choses extérieures, la paix, un lieu de retraite, la société des hommes, telle façon d’agir, les nobles œuvres, l’exil, la pauvreté ou l’abandon de tout, quelle qu’en soit la grandeur tout cela n’est rien, ne compte pour rien, ne donne rien — surtout pas la paix. Pareille quête ne mène nulle part : plus on cherche ainsi, moins on trouve. Ayant pris un chemin faux, on ne fait que s’éloigner davantage chaque jour.
Que faut-il donc faire ? D’abord, s’abandonner soi-même et, de la sorte, abandonner toute chose. En vérité, celui qui renonce à un royaume, au monde même, en se gardant soi-même, ne renonce à rien. Mais l’homme qui se renonce lui-même, quoi qu’il garde, richesse, honneur ou quoi que ce soit, a renoncé à tout. (…)
Regarde et, là où tu te trouves, renonce-toi. Voilà le plus haut.
Sache que jamais personne ne s’est assez quitté qu’il ne trouve à se quitter davantage. Commence donc par là, meurs à la tâche : c’est là que tu trouveras la paix véritable, et nulle part ailleurs.

Maitre Eckhart






jeudi 14 décembre 2017


A distance,
immobile,
la lune du matin,
aussi claire
que l'air,
parle de toi,
immobile
apaisé.

Précieuse
clarté.






mardi 12 décembre 2017


Le nuage en embuscade
attend un regard ouvert
et brusquement
la lumière 



lundi 11 décembre 2017


Le corbeau solitaire
dans la neige
cherche une étoile.

Arrivera-t-il
avant qu'elle meure
de froid
à la raccrocher au ciel ?





Tu m'as appris que l'arbre nu de l'hiver n'est pas solitude. Ses branches recopient l'espace. Elles portent langage des vents, se meuvent de certitude.



Francis Tessa
Lieux et autres miroirs




samedi 9 décembre 2017

-J'attends-

Un peu de neige 
au soleil du matin.
Je lève le regard
à l'intérieur.

Les nuages brillent aussi.
J'attends, je tiens,
ai bu l'air pur du jardin.
Je suis vivant.

Le soleil est étrange.
C'est comme 
s'il connaissait
tous mes recoins.

Quelques graines
de tournesol
dans une assiette.
Traces de pattes
sur la nappe.

Les mésanges
restent invisibles.
Pour avoir des ailes,
peut-être faut-il l'être ?

Je n'imagine rien.
J'attends et c'est un repos
où l'on voit mieux
qui l'on est réellement.

La douceur vient
comme neige fond au soleil.
Je compte, tu comptes
pour quelqu'un.




vendredi 8 décembre 2017


A travers le feuillage des jours
le soleil passe la main
et lance sur le carrelage
la monnaie de notre pièce
Solo d'ombres et de voix
pour que nous y trouvions
la force de prendre
le présent par l'avenir
comme un enfant par ses yeux
et rassemblions assez d'oiseaux
pour croire en l'arbre fraternel
qu'ensemble nous portons



Guy Goffette
Solo d'ombres précédé de Nomadie
poèmes 
Gallimard




jeudi 7 décembre 2017


Petite fleur ignorée,
il n'y aura personne
à ton enterrement
cet hiver quand le gel
brûlera ta blancheur.
Et pourtant,
tu étais belle
et simple.







Ce matin, la lune