lundi 25 septembre 2017

-Envie de chanter-

J'ai envie de chanter,
même si tout est impossible,
et justement
parce qu'il n'y a pas de raison.

Je veux chanter ou plutôt
j' écoute ce qui chante en moi,

un chant vivant
qu'on ne peut pas attraper.

J'imagine une armée
de petits hommes noirs
qui courent partout
avec des filets à chant vivant,
et de petites cages bien capitonnées.

Ils essayent de l'attraper,
de le réduire à rien.
Mais les nœuds du filet
ne retiennent que la toux
ou un éternuement.

Et quand la porte
de la cage se referme,
le chant reprend de plus belle,
les petits hommes s'affolent
et courent partout.

Mais ce chant est invincible,
car il est né bien au delà
de tout ce qu'on peut imaginer.

Il est né de la plus grande douleur
et du plus grand rêve..

Ils ne l'attraperont jamais.

C'est le chant du oui malgré tout,
le chant du oui
qui sort de la cendre
et de l'encre noire
la plus épaisse,

un chant vivant que je t'offre.


jeudi 21 septembre 2017

  
Je m'en vais le long d'une ligne
de papier blanc
en équilibre sur un fil de lumière.
Il y a trop de souffrance.
Les nuages parlent entre eux
des hommes à la nuque raide
qui se déchirent.


Je m'en vais là-bas
mendiant troué
qui cherche une aiguille
pour tout raccommoder.

J'écris "cri" pour qu'il passe,
qu'il fasse lui aussi son chemin,
qu'il s'apaise à la gorge
vibrante d'un bouvreuil,
un cri qui s'étire
comme des mots sur le papier.

Je suis le cri qui se perd,
le cri qui s'éteint au fossé,
le cri qui voudrait tout recommencer,
la première heure, le premier regard,
la première aube où l'on se lève
tout ruisselant de sa naissance.

Je suis l'homme qui s'efface
à la gomme de son épuisement,
au bord de la dernière heure,
guettant le papillon qui
ignore le poids de ses ailes.

Je m'en vais avec une sacoche
de belles paroles incapables
de nourrir un homme.
Et pourtant elles brûlent à mon flanc,
elles me courbent vers les pierres
du chemin qui chuchotent leurs sarcasmes.

C'est le don qu'on ignore,
la fleur sèche oubliée
à l'arrière d'une voiture.
Paroles en l'air,
nuages dans le ciel,
il n'y a rien à en tirer.
C'est comme le fou.
Qu'il raconte sa folie aux arbres.
Ici, on est trop occupé.

Alors je m'en vais
m’enivrer de nuages,
me saouler de feuilles mortes.
Je déchiffre l'amitié des écorces.
Même les corbeaux sont délicats
à mon égard.

Je fais fuir les chats pervers
qui jouent avec leurs proies.
Je n'ai rien d'autre à dominer
que la nuit au rempart
qui cherche une trouée.

Je m'en vais loin

sur mon cahier ouvert
à la salutation du soir
avec un châle de douceur sur les épaules
et une voix de femme qui chuchote :
"ne te fais pas de mal !"

Je m'en vais.
C'est dangereux d'ouvrir une porte
que l'on a eu du mal à refermer.
J'épouse une pensée qui voit plus loin
que le bout de son nez.

Entre quatre murs
je découvre un continent
qui ne sent pas le renfermé.
Un océan se déverse par la fenêtre.
Mon stylo est la seule rame
d'une barque en papier.

Cela va mieux maintenant.
Le mal de mer vient quand on croit
qu'un bateau ne devrait pas bouger.

Je m'en vais par le flot emporté.
Un courant que j'ignore
décidera par lui-même
où cela doit mener.


 

lundi 18 septembre 2017


Un pétale sur le chemin





Poème soufi de Kabir,  XVème siècle




Mon ami, espère la visite de l'Hôte tant que tu es en vie.
Plonge dans l'expérience tant que tu es en vie !
Pense...et réfléchis...tant que tu es en vie.
Ce que tu appelles "salut" appartient au temps d'avant la mort.

Si tu ne brises pas tes liens tant que tu es en vie.
Penses-tu que des fantômes s'en chargeront après ?

Cette idée que l'âme atteindra l'extase seulement parce que la chair est pourrie,
Tout cela est pur fantasme.
Ce qui est trouvé maintenant est trouvé alors.
Si tu ne trouves rien maintenant, tu termineras simplement avec un appartement dans la Cité des Morts.
Si tu fais l'amour avec le divin maintenant, dans la vie qui suit ton visage sera celui du désir satisfait.

Ainsi plonge dans la vérité, découvre qui est l'Enseignant
Et crois dans la Grande Résonance !

Voici ce que te dit Kabir : lorsque l'Hôte est recherché,
C'est l'intensité de la recherche de l'Hôte qui fait tout.
Regarde-moi et tu verras un esclave de cette intensité


Dessin de William Blake





dimanche 17 septembre 2017



Vestige




-Le mot d'un nuage-

Si je suis honnête
les mots maintenant
me font peur.

Derrière tout langage,
il y a autre chose
(Est-ce une chose d'ailleurs ?)

C'est un peu comme
la splendeur de ce nuage.
Peut-on vraiment écrire sur lui ?

J'ai peur des mots,
peur de leur pouvoir.
Le nuage est au delà,
témoigne d'un ailleurs.

Des milliers de petites gouttelettes
se rassemblent. Pourquoi ?

Le nuage me rassure.
Il ne cache rien
même s'il peut cacher le soleil.

Il me montre comment je peux
accepter d'être accepté.
Il sait me rejoindre.

C'est comme s'il me chuchotait à l'oreille
un mot d'amour,
un mot incompréhensible.

Si je suis honnête,
je veux lui répondre
mais n'y arrive pas.

Je l'aime aussi et pourtant
ne le rejoindrai jamais.




k

jeudi 14 septembre 2017



Eclaircie




Beau temps pour les limaces tigrées !




-Revenir-

Revenir, toujours
revenir au centre.


Blancheur de cette
fleur de lavatère
En souvenir d'une averse,
elle garde quelques larmes.



Je ferme les yeux.
La blancheur demeure.
A l'intérieur, seulement
à l'intérieur est la liberté.


Ami, je dis oui
comme lorsque
l'on s'endort.
Ouvrir son coeur,
cela suffit.


Je n'ai plus peur du vide.
L'encre de certaines heures
se perd dans l'océan.


Je ne suis pas né pour rien.
la vie vient et prend mon cri
entre ses mains.


Elle attend qu'il s'apaise
et le dépose dans un berceau
aussi blanc que le coeur de cette fleur.





mardi 12 septembre 2017

-Au royaume des donnés-

Ils nous précèdent,
ils ne leur restent plus
que leur amour !

On les a rejettés,
méprisés, blâmés,
on les a montrés
du doigt et accusés,

ils nous précèdent,
ils ne leur restent plus
que leur amour !

Ils ont connu
malheur sur malheur,
y étaient enchaînés,

mais ils nous précèdent,
ils ne leur restent plus
que leur amour !

Et si la Vie vient à passer
et les regarde avec bonté,
ils donnent tout leur amour,
c'est tout ce qu'il leur reste,
ils n'ont plus rien à protéger !

alors ils nous précèdent...

au royaume des donnés



samedi 9 septembre 2017

dimanche 3 septembre 2017



Fleurs du jardin, ce soir









-Tournée-

Tournée vers la lumière
cette fleur ne sait rien.
Elle danse immobile
à l'approche du soir.


Elle boit la douceur 
du jour qui finit.
Je la vois...
et elle m'aveugle.


Comme elle, 
je n'ai plus de pensées.
Je ne sais rien.
Seul est là
mon besoin de lumière.


Des rochers tombent dans la mer.
Avec peine, je me hisse
en haut d'une falaise,
naufragé sur rivage d'herbes.


Ce n'est qu'un rêve,
celui de la nuit dernière.


La lumière est bien réelle.
Tout le jardin y baigne.
Les mains ouvertes,
je sens un peu de chaleur
sur les paumes.


La mer ne m'a pas englouti.
J'approche de cette fleur,
essaye de comprendre
son don d'elle-même



Branches d'arbres

gravure sur bois