dimanche 23 avril 2017




-Les mots sont une échelle-

Les mots sont une échelle.
Ils montent et descendent.
Nul ne sait d'où ils viennent.


Ils prennent la couleur
d'un bouton d'or.
Ils ont la transparence verte
d'une jeune feuille.


Les mots sont 
des petites flammes
de veilleuses.
L'obscurité qui n'était rien
s'éloigne.


Ils viennent au rythme
d'un battement de cœur
qui leur donne des ailes.
Ils pépient, ils gazouillent.


Ils entourent l'aube
d'un collier de nuages éphémères.
Les mots sont de passage
et laissent un goût de miel.


Les mots pleurent doucement
sans mot dire
sur la terre aride
qui crie sa soif.


les mots pauvres
en errance
ressemblent à des bulles
qui à peine nées
retournent au silence.


mercredi 19 avril 2017

Portrait d'André Dhôtel, romancier
gravure pointe sèche

"Parfois j'étais complètement ébloui, j'aie essayé de traduire cela dans un livre, mais je n'y suis pas arrivé. C'est intraduisible. Je crois que c'est lié au fait de ne pas regarder, de ne pas rechercher ce qui est intéressant.. Je vous dirai que j'ai été également saisi par des lieux. J'ai fait un poème sur un de ces lieux, sur une renoncule : "Prie pour moi au désert, renoncule sans passeport, lumière, mon amour." C'était au croisement de la de la route de Provins avec la route qui va aux Eparmailles. Il y avait une route...une ancienne route avec un triangle d'herbe. Ce triangle d'herbe, pour moi, c'était... c'était sans prix et pourquoi ? Alors là, impossible de le savoir."






mardi 18 avril 2017


Ouvrez-nous donc la porte et nous verrons les vergers,
Nous boirons leur eau froide où la lune a mis sa trace.
La longue route brûle ennemie aux étrangers.
Nous errons sans savoir et ne trouvons nulle place.


Nous voulons voir des fleurs. Ici la soif est sur nous.
Attendant et souffrant, nous voici devant la porte.
S'il le faut nous romprons cette porte avec nos coups.
Nous pressons et poussons, mais la barrière est trop forte.


Il faut languir, attendre et regarder vainement.
Nous regardons la porte ; elle est close, inébranlable.
Nous y fixons nos yeux ; nous pleurons sous le tourment ;
Nous la voyons toujours ; le poids du temps nous accable.


La porte est devant nous ; que nous sert-il de vouloir ?
Il vaut mieux s'en aller abandonnant l'espérance.
Nous n'entrerons jamais. Nous sommes las de la voir...


La porte en s'ouvrant laissa passer tant de silence
Que ni les vergers ne sont parus ni nulle fleur ;
Seul l'espace immense où sont le vide et la lumière
Fut soudain présent de part en part, combla le cœur,
Et lava les yeux presque aveugles sous la poussière.

Simone Weil (1909-1943), poème écrit en 1941





Histoire d'un soupirail




Et le lilas aussi




La tulipe s'illumine







Mésange longue queue
gravure pointe sèche



Douceur infinie



lundi 17 avril 2017



En passant







Une merveille absolue




Cuite-Fève







-C'est une chance-

Puisqu'il s'agit d'être,
d'être vraiment
comme une fleur trouve sa terre,
puisqu'il s'agit d'une venue, d'un accueil,
qu'il n'y a pas de monstre à occire,
le silence est bienvenu.


Le silence se dépose
et un feu remonte des profondeurs.
Je vois des pensées
qui ne m'appartiennent pas.


La paix n'a pas attendu,
la paix n'attend jamais.
L'eau du fleuve est douce.
Je respire avec douceur
emporté par le courant
très loin des rives.


C'est une chance
de n'arriver à rien.
De moi-même
je n'y arriverai jamais.
Il n'y a rien à attendre
de ce qui disparaît.


Les arbres chantes Pâques
dans le vent.
Ce matin, je suis né
encore une fois.
Une porte est à fermer.
Seul un souffle le peut,
une brise intérieure.


Je laisse de la place,
je me retire doucement.
L'eau connaît le chemin
pour rejoindre l'océan.
Je la devine à ses fraîcheurs 
de matin.


C'est une chance
de n'arriver à rien.
Par cette trouée
le soleil vient.

C'et lui qui prend soin
des blessures de la séparation.