dimanche 29 mai 2016



En marche

Un deux trois quatre
le ciel est bleu
que préfères-tu
ce qui doit disparaître
disparaîtra
un poids un rêve une issue
qui n'en est pas une
un deux les mots
sont des cailloux
la mer parfois
les fait chanter
tes pensées sont le vent
brise ou ouragan
tu rejoindras bientôt le silence
ce qui compte
n'est pas ce qui est compté
et peu savent le raconter
trois quatre plonge en toi
sans fin sans fond
un deux juste un soupir
un gémissement
enlève ton manteau
reste en péril fragile
voilà que la lumière irradie
plus de maîtrise
trois quatre mieux vaut
un sourire qu'un livre
un arbre qu'une théorie
transplantation immédiate
il n'y aura rien de moi au paradis
un deux le ciel est bleu
efface les dernières traces
fils de mélasse
d'une toile où tu te débats
le jour pour toujours
est levé avant toi
trois quatre
quand les hommes vivront d'amour
l'amour sera aimé
plus que soi-même
et cela fera du bien
d'avoir les yeux qui brillent.












Un pavot, le soir



Gravure pointe sèche,
d'après un tableau de Seymour Haden (1818-1910)




mardi 24 mai 2016

puisse mon coeur rester toujours ouverts aux petits
oiseaux qui sont les secrets de vivre
tout ce qu'ils chantent est mieux que savoir
et si on ne les entend pas on est vieux

puisse mon esprit se promener affamé
et intrépide et assoiffé et souple
et même le dimanche puissé-je me tromper
car dès qu'on a raison on n'est pas jeune

et moi-même puissé-je ne rien faire utilement
et aimer toi-même si plus que vraiment
un fou pareil n'a jamais existé qui échouerait
en ramenant tout le ciel sur lui d'un seul sourire

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may my heart always be open little
birds who are the secrets of living
whatever they sing is better than to know
and if men should not hear them men are old

may my mind stroll about hungry
and fearless and thirsty and supple
and even if it's sunday may i be wrong
for whenever men are right they are not young

and may myself do nothing usefully
and love yourself so more than trully
there's never been quite such a fool who could fail
pulling all the sky over him with one smile

E.E. Cummings "58+58 poèmes"


Moineaux / Gravure pointe sèche

lundi 23 mai 2016

-Un passage-

Le grand cèdre
s'éloigne de jour en jour.
Étonnante distance
où tout s'apaise.
Y-a-t-il encore
un passage dans
cette prairie vierge ?

Je m'éloigne
avec un murmure,
disparais sous les herbes.
Souvenir de son écorce.
Souvenir de ses pommes,
de son parfum
après l'averse.
Je n'aurai plus à l'aube
la salutation de ses branches.

Le grand cèdre peut
maintenant disparaître.
"Reprends mon chant
si tu ne veux pas être triste !"
chuchote-il.
Je laisse venir la première note.
D'autres suivent mystérieusement.

Là où je vais
chante le grand cèdre
et ce chant ne m'appartient pas.
Il passe comme
la rivière d'or,
celle qui emmène
les souffles obscurs.

Et je chante 
avec la majesté de sa forme
qu'il dévoilait parfois
quand la lumière du couchant
embrasait son houppier.

Un souvenir suffit parfois
pour qu'une vie change,
souvenir au pied d'un arbre
qui choisit le silence.
Vivre devient une caresse.

Les allées du parc ont disparu.
Tout est devenu si paisible
sous les herbes hautes de l'oubli.





La fragilité de l'arbre

Gravure pointe sèche




Et que dire des larmes









Même piétiné, un pétale de rose ne perd rien de sa beauté





Dans le jardin de Stéphane et Véronique